On a souvent tendance à mesurer la rentabilité d’un projet en faisant une comparaison entre les rentrées d’argent prévues lors de son exploitation, par rapport aux dépenses d’investissement et d’exploitation qu’il implique.

Il convient cependant de noter que quand il s’agit d’une utilité publique, la rentabilité n’est pas directe.

En effet, une utilité publique n’a pas pour vocation de créer de la richesse propre, par elle-même, mais d’accélérer les activités économiques créatrices de richesse dont celles du secteur privé particulièrement.

Les rentrées d’argent ne vont pas concerner directement l’utilité publique en elle-même mais toute l’activité économique qu’il accélère du fait de son caractère transversal.

C’est pourquoi c’est un levier de développement.

Sa vocation est de rester pérenne, et de servir de support et d’actionneur pour les acteurs du PIB (du secteur privé en particulier ainsi que de tous les autres), lesquels se trouvent être sa clientèle, pour le bon fonctionnement de toute l’économie.

Il doit satisfaire complètement la demande des acteurs du PIB dont la croissance correspondante doit être suffisante pour rembourser ses dépenses et investissements dans les délais prévus.

Si la demande des acteurs de ce PIB pour l’utilité publique concernée augmente, il devrait s’en suivre une augmentation de l’utilisation de cette dernière ainsi que de sa marge bénéficiaire.

Il convient toutefois de noter que dans le cas d’un service public comme la santé, on  ne souhaiterait pas avoir beaucoup d’activités, le maximum de qualité étant cependant requis.

De même, concernant l’éducation, la sécurité, les médias d’Etat, ainsi que les loisirs (parcs, patrimoines culturels, …), il convient de les traiter comme des services nécessaires que l’on gère tout simplement à la hauteur des besoins ressentis. Il s’agit à la fois de services pouvant constituer une finalité consommant le PIB, et pouvant aussi le motiver.

S’agissant par ailleurs des utilités publiques comme l’eau, l’électricité, le téléphone, le transport, la poste, il faut les considérer comme des outils absolument nécessaires à la croissance du PIB qui doit alimenter toutes les dépenses du pays. On devrait alors pouvoir mesurer la rentabilité de ces utilités publiques eu égard à leur capacité à satisfaire cette finalité qui leur est dévolue. Bien entendu, ces utilités publiques comportent aussi un côté bien être pour l’homme qui doit toutefois être satisfait après leur rôle principal consistant à promouvoir le PIB.

Il faut aussi noter qu’entre ce PIB et les recettes fiscales de l’Etat, il y a une corrélation qui se situe aux environs de 15% pour le Sénégal et certains pays d’Afrique, alors qu’il peut atteindre des valeurs supérieures dans d’autres pays.

Ainsi donc, l’augmentation de la demande, pour une utilité publique, devrait entraîner celle de la croissance du PIB et parallèlement, celle des recettes fiscales de l’Etat. Ceci est très important à savoir.

Par conséquent, si cette demande des acteurs du PIB est entièrement satisfaite et que la croissance correspondante de ce PIB est suffisante pour rembourser l’investissement de l’utilité publique ainsi que ses dépenses, le projet peut être considéré comme rentable pour l’économie globale.

Il reste cependant que la gestion de cette rentabilité dépend de la méthode retenue par l’Etat. Le remboursement du financement peut être assuré par le service public concerné, entièrement ou partiellement, l’Etat en garantissant l’effectivité complète par une subvention éventuelle.

Il faut noter par ailleurs que les tarifs du service  public sont normalement régis par la méthode du moindre coût, qui voudrait que le coût de revient correspondant soit géré avec le maximum d’économie, en restant aussi faible que possible avec toutefois un maximum de qualité. Il y a ensuite que la marge entre le tarif retenu par l’Etat et ce coût de revient est ensuite régulée avec des normes qui définissent sa quantification et sa redistribution pour le bon fonctionnement de l’économie globale. Il peut s‘en suivre ainsi la dotation de fonds spéciaux comme un fond de préférence qui pourrait servir à venir en aide à des activités économiques en difficulté (même privées) pour veiller à un fonctionnement cohérent, synchronisé et accroissant de l’ensemble de l’économie.

Cette méthode du moindre coût voudrait ainsi que les acteurs du PIB utilisent l’utilité publique au maximum. Il en découle alors plus de croissance et également plus de recettes fiscales, ceci mettant l’Etat beaucoup plus à l’aise, pour faire face à la nécessité d’éventuelles subventions au bénéfice des services publics. Ceci devrait permettre à l’Etat de doter un fonds destiné à subventionner un quelconque service public qui en aurait besoin.

Si toutefois la marge entre le tarif imposé au service public et le coût de revient est suffisante après remboursement des termes de l’investissement ainsi que des dépenses d’exploitation, la rentabilité revêt un caractère autonome pour ce service public concerné qui ne devrait pas alors avoir besoin de subvention.

Néanmoins, un compte destiné à subventionner un service public se trouvant dans le besoin pourrait et devrait même toujours être ouvert pour garantir d’éventuels aléas.

Un indicateur important est alors le rapport du PIB escompté sur la consommation de l’utilité publique concernée.

L’augmentation de cet indicateur par rapport à ce qu’il était avant sa réalisation, correspond à une croissance du PIB.

Si ce rapport baisse, cela pourrait signifier une mauvaise utilisation de l’utilité publique concernée par l’activité économique. Mais en particulier, cela pourrait signifier une utilisation insuffisante de cette utilité publique du fait d’un tarif élevé, ceci étant absolument à éviter. Car cela correspondrait à un investissement insuffisamment utilisé et par conséquent absurde.

Il convient donc de veiller à ce qu’une utilité publique fasse l’objet d’un maximum d’utilisation et que son impact se sente positivement sur l’évolution du PIB.

De ce fait, on pourra lier l’augmentation de sa consommation à celle du PIB.

Pour ce faire, il faut surtout veiller à ce que son tarif soit accessible au maximum aux acteurs de l’activité économique. Autrement, cette utilité publique risque de se comporter comme un luxe à destination d’une certaine catégorie, et va alors perdre son sens.

Ainsi la croissance du PIB résultant de l’utilisation massive de l’utilité publique renseigne certainement sur la rentabilité de cette dernière pour le pays.

Dans le cas d’une fourniture d’énergie électrique, le rapport du PIB sur la quantité consommée par le pays, constitue un indicateur mesurant la part d’impact de l’électricité dans l’économie.

Appelons ce rapport PIB/kWh.

Si les acteurs de l’activité économique travaillent efficacement avec cette électricité, le PIB devrait augmenter soit du fait de la demande en kWh, soit du fait de l’efficience des activités.

Et à fortiori, il en est davantage si ce rapport augmente.

Si ce rapport est constant, alors que la consommation électrique augmente, on pourrait en déduire une sensibilité constante du PIB à une augmentation de la demande de l’utilité publique.

Il s’avère alors opportun de veiller à une satisfaction soutenue de la demande pour une croissance du PIB.  L’augmentation correspondante du PIB devrait être égale à la valeur de ce rapport PIB/kWh multipliée par l’augmentation de la consommation d’énergie. Ainsi le PIB pourrait continuer à croitre, eu égard au taux d’accroissement annuel de la consommation d’énergie, à hauteur de la capacité due par le nouveau projet.

Si maintenant ce rapport augmente, cela pourrait signifier que l’activité économique devient plus sensible à l’utilité publique et qu’elle changerait de niveau. Par conséquent un renforcement de la capacité de cette utilité publique constituerait un atout majeur pour une croissance notable du PIB.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que si la valeur de cette augmentation du PIB dépasse le coût d’investissement ajouté aux coûts d’exploitation sur cette période, le projet devrait être rentable.

Si par contre, ce rapport baisse, cela devrait donner lieu à inquiétude et faire appel à un audit pour en déterminer les causes. Parmi celles-ci, on peut noter un tarif très élevé poussant l’activité économique à ne pas en faire usage.

En conclusion, la caractéristique d’une utilité publique se singularise par un tarif au moindre coût qui voudrait qu’elle fasse l’objet d’une forte utilisation pour donner lieu à une grande retombée sur l’économie du pays tout en s’exploitant avec le minimum de dépense.

C’est ainsi que s’agissant d’une infrastructure comme l’autoroute à péage ou le TER ou encore le pont de Foundiougne, la rentabilité ne réside pas sur un retour rapide de l’investissement, mais sur une utilisation massive devant se répercuter positivement sur le PIB du pays. Ce n’est pas l’ouvrage en lui-même qui devrait assurer absolument le retour de son investissement mais le PIB du Pays. Ceci pouvant tout simplement résulter du gain de temps rendant le rapport de l’activité économique sur une période, beaucoup plus élevé qu’avant, et par conséquent la retombée économique correspondante. La récupération fiscale pourrait alors se faire sur l’activité marchande du pays qui devrait s’améliorer par effet d’échelle, et servir de subvention pour aider l’utilité publique en cas de difficulté.

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Ing. Genie Electrique

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