I. Contexte
Suite à des erreurs de gestion dans les années 90, le Sénégal s’est vu contraint de privatiser des services publics comme l’électricité, l’eau, et le téléphone.
La raison fondamentale serait qu’un privé se sentirait plus concerné par ses sous, et gérerait le service mieux qu’un représentant de l’Etat, qui serait moins soucieux du bon maintien d’un outil de production qui ne lui appartient pas.
Ces services publics se trouvent alors entre des antagonismes :
- l’Actionnaire principal Unique d’un service public se trouve être la population ;
- Un service public doit être produit au moindre coût pour transformer la marge bénéficiaire en baisse de tarif au profit de l’Actionnaire principal Unique qui est la population et qui achète le produit ;
- Un service public doit être produit au moindre coût pour servir de levier au développement économique des secteurs pourvoyeurs de richesses du pays et relatifs à l’agriculture, à l’élevage, à la pêche, etc.… ;
- Un service public constitue un droit pour chaque membre de la population, et doit être mis à sa disposition, à égalité de traitement, et ne saurait privilégier certains par rapport à d’autres ;
- Un service public ne saurait appartenir à un privé à qui, il serait donné d’en faire ce qu’il veut ;
- Or, un privé cherche à faire des profits autant que possible, et souvent par tous les moyens à sa portée.
C’est ainsi que pour être en conformité avec ces fondamentaux d’un service public, il va être question d’imposer à l’Opérateur des directives en matière d’investissement, de respect des tarifs et de la clientèle, etc…
D’une manière générale, il convient de le réguler.
S’il semblerait difficile de faire respecter de tels fondamentaux avec un gérant sans contrepartie, et se trouvant alors en situation de subordination devant l’Etat, qu’en serait-il avec un autre qui se sentirait plus libre, et aurait engagé son argent ?
II. QU’EN EST-IL DE LA PRIVATISATION?
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- Cas de la Senelec
La privatisation de la SENELEC n’a pas connu de succès, eu égard au fait que l’électricité de la SENELEC est généralement fabriquée à partir de pétrole dont le fuel lourd et le Diesel Oil, et dont la tonne coûtait (il y a plus de 20 ans) 67 000 FCFA et 110 000 FCFA respectivement.
Or, pour fabriquer 1 kWh, il fallait au moins 220 grammes de fuel, ce qui revenait à 14,74 FCFA avec des machines de base bien choisies. S’il s’agit de machine d’appoint chère comme les TAG (Turbine à gaz) qui consomment du diesel oil, il faut au moins 350 grammes pour fabriquer 1 kWh, (quand la machine est neuve), ce qui faisait 38,50 FCFA. A cette époque, le baril de pétrole était aux environs de 30 dollars US.
Il est important de savoir qu’une machine de base doit fonctionner 24h/24, tandis qu’une machine d’appoint, dont le coût de production est élevé, ne devrait fonctionner qu’en secours ou appoint, et le moins de temps possible (1500 heures par an au maximum).
Il faut savoir qu’avec les remous du prix du pétrole dans les années 2000 à 2010, quand le baril de pétrole avoisinait les 100 dollars US, la tonne de fuel a coûté plus de 400 000 FCFA et la tonne de diesel oil plus de 560 000 FCFA. Ceci a fait que ces coûts ci-dessus devenaient respectivement 88 FCFA et 196 FCFA.
Cela fait également que si la SENELEC vend le kWh à 100 FCFA, elle ne saurait s’en sortir, sans compter les autres frais que sont le coût de transport, de distribution, ainsi que les frais fixes d’encadrement, de support, etc.…. Et elle devra faire attention pour faire fonctionner le moins possible, les machines chères comme les TAG et autres similaires, au profit de machines de production moins coûteuses.
C’est ainsi que devant une telle société, un opérateur privé qui ne cherche qu’à s’enrichir, risque de ne pas respecter les directives d’investissement et de bonne gouvernance qui lui seraient imposées. Il faut savoir aussi qu’un opérateur privé peut s’enrichir en surévaluant à son profit les investissements, ainsi que les frais de personnel et autres éléments peu décelables.
Heureusement que la Senelec est sortie de la privatisation.
Heureusement aussi que les coûts du pétrole subissent aussi des baisses.
Toutefois, la situation reste difficile avec cette autre forme de privatisation qu’est la production privée, où la SENELEC achète de l’électricité à des privés pour la revendre à la population. Il se trouve que cet achat d’énergie se fait en général en deux ou trois parties, en ce sens que la fourniture du combustible est optionnellement supportée par la SENELEC qui l’accepte en général, tandis que seront pris en compte un coût d’exploitation (conduite et maintenance), ainsi qu’un coût de capacité, en sus. Ceci peut engendrer des surcoûts imperceptibles et difficiles à cerner. En effet, on y observe des coûts d’achat d’électricité qui sont à peine plus bas que ceux des TAG (Turbines à gaz), avec la clause « Take or pay ». Si de telles machines fonctionnent 24H/24, la SENELEC ne sortira pas de si tôt, de ses difficultés.
Tout ceci fait qu’il faut en tirer la conclusion que la gestion d’une telle société, dans un tel contexte, doit se faire minutieusement, et se doit d’être patriotique, et ne saurait être entre des mains privées qui cherchent le maximum de profit.
De telles mains expertes et patriotiques ne devraient pas être absentes du pays tout entier !
De toute façon, l’électricité étant indispensable à la vie et au développement économique du pays, l’Etat n’hésitera donc pas à la subventionner.
Mais encore faudrait-il que cet Etat s’attèle à payer l’électricité qu’il consomme en évitant tout gaspillage, comme ce que l’on peut observer avec des climatiseurs fonctionnant tout un weekend.
Si l’on y ajoute un fond de régulation des coûts du pétrole dont les variations fréquentes peuvent être positives ou négatives, une solution durable serait certainement trouvée.
- Cas de la Sonatel
Il s’est trouvé que le service du téléphone semble avoir réussi à sortir du lot, et serait considéré comme un fleuron avec des marges bénéficiaires faramineuses.
L’on devrait peut-être savoir que le téléphone est fabriqué à partir d’une matière première qui se trouve être de l’électricité, et qu’on peut mesurer en kilowattheure. Avec 1 kWh (qui signifie une puissance de un kilowatt d’électricité pendant une heure de temps ou 60 minutes), il est possible de fabriquer au moins 240 minutes de téléphone.
Or, si un (1) kWh d’électricité coûte 100 FCFA, une (1) minute de téléphone va coûter en général, au moins 60 FCFA.
L’on voit donc qu’avec 1 kWh d’électricité qu’on va acheter à 100 FCFA, l’Opérateur du téléphone va pouvoir obtenir 240 minutes de téléphone, qu’il pourra vendre à 60 x 240 = 14 400 FCFA.
Mais, de surcroît, voilà que la minute de téléphone pouvait même être vendue à 400 FCFA.
Cela fait que pour un kWh d’électricité acheté à la Senelec à 100 FCFA, l’opérateur de téléphone pouvait gagner 57 600 CFA.
Par suite de l’avènement (très bénéfique bien entendu) des télécentres, et ensuite des téléphones portables qui ont déclassé le luxe que constituait le téléphone en général, ce dernier devenait une manne financière incommensurable. En fait, la vente de la minute de téléphone continuait à jouir de son état de luxe d’antan avec son coût relativement élevé, malgré l’ascension fulgurante de la demande.
Bien évidemment, cela pouvait convaincre de l’efficacité de la privatisation.
Or, cela ne fait que ruiner la population.
Eu égard, à cette marge bénéficiaire galopante et insuffisamment régulée, on en a déduit une efficacité de la privatisation. Cette exploitation pratiquement libre a fait que la Sonatel est quasiment devenue un service privé, en ce sens que :
- elle n’est pas gérée au moindre coût car la marge bénéficiaire monte continuellement, en dépassant plusieurs fois le Capital. (Pour une société dont le Capital est annoncé à 50 Milliards, le bénéfice a dépassé 150 Milliards depuis longtemps et augmente chaque année) ;
- elle est cotée en bourse avec des actions vendues à des particuliers, sans pour autant que l’actionnaire principal qui se trouve être la population ait sa part si ce n’est « celle de l’Etat », avec des soi-disant réserves qui seraient gardées quelque part ;
- elle ne joue plus son rôle de levier pour le développement économique du pays, car ce sont ses profits qui montent au détriment de ceux des autres secteurs vrais pourvoyeurs de richesses, tels que l’agriculture, l’élevage, la pêche ;
- la population, qui se trouvait être le principal actionnaire, semble être oubliée dans le partage des dividendes et se comporte plutôt comme un simple client pourvoyeur de profits au bénéfice de la Sonatel et de ses actionnaires, et est vidée de plus en plus de ses ressources ;
- l’information relative à la destination des réserves acquises ne semble pas disponible pour la population ;
- les frais de personnel montent d’une manière faramineuse au point que les gestionnaires et le personnel semblent être les vrais propriétaires de cette société ;
Quelle est la part de la population dans cette société nationale ?
Quand est-ce que nos autorités se rendront compte de cette distorsion ?
III. LA PRIVATISATION DE LA SONATEL ! Ne serait-ce pas un précédent dangereux ?
Voilà donc que la Sonatel se comporte comme un service privé, dont il convient de déterminer le propriétaire.
Pire, cela semble inspirer les services chargées d’exploiter l’eau, qui réclament aussi des actions. C’est ainsi que les travailleurs de la société d’affermage de l’eau réclament des parts d’actions, de même que ceux de la société de patrimoine qu’est la SONES (Société Nationale d’Exploitation des Eaux du Sénégal), et ceux de l’ONAS (Office Nationale de l’Assainissement du Sénégal).
Par ailleurs, voilà que la Senelec, (Société Nationale d’Electricité) s’affiche encore sous la bannière d’une société anonyme avec Senelec SA, suite à son ancienne privatisation.
Apparemment, ces sociétés de service public se dirigent résolument vers un service privé.
L’exemple de la Sonatel semble faire tâche d’huile.
Un service public n’est pas fait pour appartenir à quelqu’un d’autre que la population.
Il convient d’avoir les pieds sur terre et de savoir qu’un service public ne doit pas être transformé en service privé appartenant aux travailleurs ou à quelqu’un d’autre.
En fait, l’actionnaire principal et unique d’un service public ne peut être que la population, avec comme bras droit de cette dernière, l’Etat pour veiller sur ses intérêts, lesquels sont appelés « l’intérêt général ».
Un service public doit servir son produit au moindre coût au bénéfice de toute la population, et à égalité de traitement. Cela signifie tout simplement qu’en principe, il ne doit pas y avoir de marge bénéficiaire. Pourquoi ?
Parce que tout simplement le dividende relatif à cette marge doit être redistribué sous forme de réduction du tarif à l’Unique et principal actionnaire qui se trouve être la population.
Comme cette marge pourrait ne pas être toujours nulle, elle peut alors être transformée en réserves destinées à financer l’extension du service ou pour alimenter un fonds de préférence dont le but est de soutenir d’autres domaines prioritaire de l’économie, comme l’agriculture ou des sociétés issues du secteur primaire, pour qu’il y ait plus de valeur ajoutée dans le pays. Mais qui sait où vont les réserves provenant du téléphone ?
D’ailleurs, il convient de ne pas être dupe et de savoir que le téléphone est un grand consommateur de richesses dans un pays. On peut faire croire que la Sonatel exporte un savoir-faire aux pays limitrophes, mais quelle est la part de cette exportation dans la balance des paiements ?
Le téléphone n’a pas pour vocation de générer de la richesse, et il ne peut pas générer de ressources nouvelles pour le pays.
Il en consomme plutôt.
Car il vend son service à la population dont elle soutire les ressources d’une manière fatale.
La réalité est que les sénégalais paient ce téléphone depuis des années. D’où viennent ces ressources avec lesquelles ils paient ce téléphone ?
Eh bien tout simplement de la valeur ajoutée qu’ils ont acquise de leur travail propre spécifique et qui formait déjà le vrai PIB (Produit Intérieur Brut) du pays.
Si l’on croit que la SONATEL fournit l’essentiel du PIB, alors qu’il s’agit de ressources reçues de la population, il convient de savoir que la vraie croissance d’un PIB doit augmenter les ressources d’un pays et non les déplacer tout simplement.
En effet il est aisé de comprendre que la Sonatel ne fait que prendre des ressources fournies par la population et qui faisaient déjà partie du PIB, pour les faire réintégrer dans le PIB.
Dans ce processus, où est l’avantage acquis pour le développement du pays ?
Un vrai PIB est fourni par un secteur privé interne au pays, assis sur l’agriculture, l’élevage, la pêche ou les mines. De telles ressources peuvent apporter de la vraie croissance.
En effet, un exemple simple est qu’en semant une graine, on peut en récolter plusieurs. La différence obtenue constitue alors une richesse nouvelle, sortie de la terre et augmentant celle qui était dans le pays.
De même, à la suite d’une exportation avec un bénéfice, la marge vient augmenter la richesse du pays.
C’est cela une vraie ressource digne d’assurer la croissance d’un PIB. Une telle croissance sera certainement ressentie par la population.
IV. CONCLUSION
Ainsi, si un service public se comporte comme un service privé, cela mène le pays à la ruine, malgré tous les efforts d’une vaillante population.
Il faut aussi noter que ces services publics que sont la Senelec, la Sones et la Sonatel, sont aussi de grands importateurs (pétrole, machines, pompes, Equipements électroniques, pièces de rechange, et même le papier …)
Or, ils sont indispensables et tels, que la demande est fatale et est forcément importante.
Si de tels services sont privatisés, tout en étant vendus à l’intérieur du pays, toutes ces ressources y compris les marges bénéficiaires vont être transférées vers l’étranger. Non seulement la balance des paiements du pays sera chroniquement déficitaire, mais le pays sera vidé progressivement de ses ressources monétaires.
A la longue, cela mène le pays à la ruine. On sera continuellement en état de devoir emprunter.
C’est la raison pour laquelle, de tels services font l’objet d’une régulation empêchant une sortie massive des ressources monétaires du pays, lesquelles doivent être recyclées à l’intérieur du pays. Cela doit être bien compris pour que la régulation ne se limite pas simplement à régler une certaine concurrence entre Opérateurs.
Le rôle principal de cette régulation doit d’abord être de veiller sur les ressources du pays en empêchant leur sortie massive, mais également en veillant à ce qu’elles y soient recyclées et qu’elles ne soient pas thésaurisées.
Où se trouvent les réserves que la Sonatel a annoncées et thésaurisées depuis des années ?
Une bonne régulation devrait permettre à un service public d’être géré au moindre coût pour promouvoir le secteur privé interne, de façon à rendre ce dernier compétitif au plan international, avec une plus grande capacité d’exportation.
C’est cela qui pourrait vraisemblablement augmenter le PIB.
Mais ce secteur privé doit offrir des emplois et payer aussi des salaires décents, lesquels devraient permettre que les recettes fiscales issues de l’impôt sur le revenu s’en portent mieux, et soient de plus en plus consistantes, pour faire face aux dépenses de l’Etat, et en particulier à la dette publique.
Tout cela, bien compris, devrait mettre l’économie du pays sur de bons rails.
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